Et bien voici la lettre :
Monsieur le Ministre,
La parution et la diffusion des manuels scolaires de « Sciences de la Vie et de la Terre » des classes de premières ES et L suscitent une vive inquiétude chez les parents. Beaucoup nous en ont fait part.
En effet, à partir de la rentrée prochaine, les élèves de ces classes recevront dans cette matière un enseignement directement et explicitement inspiré par la « théorie du genre ». Un tel changement va bien au-delà d’une simple actualisation des programmes scolaires : il constitue un choix qui s’annonce lourd de conséquences et contre lequel je tenais à vous exprimer mon incompréhension et vous dire combien je partage les inquiétudes des parents.
Que de tels enseignements soient devenus parties intégrantes du programme, et donc obligatoires, suscite de multiples questions qui, toutes, justifient les fortes réserves dont je vous fais part aujourd’hui.
Sur le fond, d’abord et surtout, enseigner le « Genre » en SVT, avec des intitulés comme « Devenir homme ou femme »…, confère un statut de science à ce qui se présente, en effet, comme une théorie mais qui, dans les faits, relève de l’idéologie. Cela doit être dit. À tout le moins, nous demandons à ce que, pour chacun des points traités dans cette perspective, les enseignants présentent les débats que suscite la présentation inspirée du « Gender », et les différents points de vue qui existent sur ces sujets et sur leurs statuts. Cette précision nous paraît, d’ailleurs, d’autant plus indispensable que les tenants de cette idéologie affirment mener un travail militant qui acquiert, par cet enseignement, une légitimité qui nous paraît contradictoire avec le principe de neutralité et le respect des croyances des élèves et de leurs familles.
Associations Familiales Catholiques
Confédération Nationale
Mouvement national reconnu d’utilité publique
Ce changement de programme pose ainsi directement la question du rôle des enseignants, de la formation qu’ils auront reçue pour aborder cette partie du programme et de la liberté pédagogique qui sera la leur en la matière. Par ailleurs, la perspective développée dans ces enseignements adopte – pour en dénoncer les effets – une conception simpliste de l’apprentissage où l’enfant et l’adolescent recevraient, dès leur plus jeune âge et passivement, les informations de leur environnement extérieur, alors même que de nombreuses études montrent combien l’enfant et l’élève participent activement au processus d’apprentissage.
Toujours sur le fond, la nature des sujets abordés pose aussi la question de savoir à partir de quel âge certaines notions peuvent être exposées à des adolescents. Pour en tenir compte, il faudrait notamment que ces enseignements donnent lieu à une information des parents d’élèves et de leurs représentants.
Sur la forme maintenant, nous regrettons de n’avoir pas été associés aux travaux qui ont conduit à cette évolution des programmes ou du moins informés de cette évolution, et ce d’autant plus que, comme vous le savez, notre mouvement est particulièrement attaché à trouver les moyens d’une collaboration fructueuse entre l’école et les familles. Ceci passe par la reconnaissance et la valorisation du rôle de chacun et de son apport. Tout ce qui serait compris comme une tentative de contournement des parents, sur des sujets aussi sensibles que l’éducation affective et sexuelle, ne pourrait que susciter des incompréhensions, voire des tensions, particulièrement préjudiciables à l’élève.
Compte tenu de l’inquiétude qui se manifeste largement, je souhaite pouvoir vous rencontrer pour un échange sur ces questions et envisager avec vous les moyens, non seulement de rassurer les parents, mais aussi d’apporter les correctifs nécessaires aux programmes tels qu’ils vont être enseignés dès la rentrée prochaine, des correctifs d’autant plus nécessaires que les programmes en question n’auront pas non plus les résultats attendus en matière d’éducation affective et sexuelle et de prévention des discriminations.
Vous remerciant par avance de votre réponse, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de ma profonde considération.
Antoine RENARD
Copie à MM. Nicolas Sarkozy et François Fillon.
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FIN DE LETTRE
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Il en va de la liberté de conscience au sein de l’école et, au-delà, dans toute la société : l’école n’a pas pour mission de véhiculer, surtout sur des sujets qui font débat, une façon de voir ou une façon de penser.
Nous l’avons récemment écrit au ministre de l’Education nationale à propos des nouveaux programmes de SVT en classe de première ES et L. Les AFC ont également engagé des actions, y compris par voie contentieuse, pour s’assurer du respect des principes de neutralité, laïcité et intérêt général car les promoteurs de certaines de ces évolutions affichent clairement un objectif militant.
Les parents ne peuvent pas être tenus à l’écart. Ils sont, les mieux à même de savoir à partir de quel âge certaines notions peuvent être exposées à des enfants et des adolescents et sont seuls légitimes à transmettre ce qui est du domaine des modes de vie ou des convictions.
Les enseignants doivent, eux, pouvoir remplir leur rôle en toute liberté et notamment la liberté de pouvoir présenter les débats que suscite telle ou telle « théorie », les différents points de vue qui existent sur ces sujets et leurs statuts respectifs.
Zbeub zbeub