La Petite Souris dont je vais vous raconter l'histoire est née dans des conditions très particulières. En effet, au moment même où sa maman la mettait au monde, la lune avait décidé de cacher le soleil… Il faisait tout noir ! Quand le soleil avait reparu, la première chose qu'il avait aperçue avait été la Petite Souris.
Elle était si jolie que, rempli d'admiration, il lui avait envoyé deux de ses rayons dorés, lesquels en tombant devant elle s'étaient transformés en miliers de pièces d'or. Sa maman avait ramassé les piécettes et les avait dissimulées à l'intérieur d'un arbre creux.
La Petite Souris avait grandi et à son tour elle avait eu des enfants. Elle se trouvait à la tête de 1250 souricettes et souriceaux qui la remplissaient de bonheur, tout en lui donnant beaucoup de travail. Elle se sentait parfois bien seule pour s'occuper d'une telle famille en attendant le retour de Papa Souris parti travailler à la ville.
Cependant, elle les avait bien à l'oeil tous ces petits sacripants ! Les plus sages comme Séraphin, la placide Spatule ou la douce Sucrette, lui faisaient oublier les sottises de Soupe-au-lait, de Saltimbanque ou de ce coquin de Sapristi. Et la vie suivait calmement son cours.
Un jour, la Petite Souris dut s'absenter pour faire quelques courses.
Elle demanda à Pleurnichotte la Marmotte de venir garder les petiots. Hélas ! la vieille Pleurnichotte se fatigua vite de surveiller tout ce petit monde et elle s'endormit…
Or, non loin de là habitait Ratifer 1er, le Roi des Rats.
C'était un monarque sévère, sans pitié et donc sans amis. Comme il s'ennuyait, il eut l'idée de se rendre chez la Petite Souris pour lui voler ses petits…
A son retour, la Petite Souris apprit la sinistre nouvelle.
Elle courut chez ses amis pour les supplier de l'aider à récupérer ses chers petits. Seulement voilà, le château de Ratifer, fortement gardé par des soldats en armes, était imprenable. Il fallait négocier…
Aussi, dès le lendemain, accompagnée de Constructor le Castor et de Pollentreau le Blaireau, elle se rendit au palais et demanda audience au Roi des Rats. Tout d'abord Ratifer ne voulut rien savoir, mais la Petite Souris insista avec tant d'émotion qu'il lui proposa ce marché :
" Je rêve depuis toujours, dit-il en lissant ses moustaches, de vivre dans un palais construit avec des dents d'enfants, des petites dents de lait, blanches comme l'albâtre, scintillantes comme les étoiles. Si tu arrives à me les fournir, je libère les mioches : un pour chaque dent que tu m'apporteras.
- Mais comment veux-tu que je trouve des dents d'enfants ?
- C'st ton affaire ! Et souviens-toi : Une quenotte : une souriçotte ; Une dent de lait : un souricet !".
La Petite Souris s'en retourna chez elle bien tristement.
Comment pourrait-elle s'y prendre ? Après maintes réflexions, elle fit afficher dans toutes les cours de récréation le message suivant :
… Désormais, lorsque vous perdrez l'une de vos dents, surtout ne la jetez pas ! mais glissez la sous votre oreiller avant de vous endormir : vous recevrez une récompense ! …
" C'est bien beau, se dit la Petite Souris, mais comment saurai-je qui a perdu une dent ? Et comment rassembler toutes les dents qui tombent dans tous les pays du monde ?".
Persuadée qu'elle n'y arriverait jamais, elle se mit à pleurer.
On alla réveiller Restachou le Hibou, le vieux sage de la forêt. Respecté par tous pour son jugement sûr et équitable, il était très adroit et très intelligent. Restachou fut ému par le désespoir de la Petite Souris :
" Sèche tes larmes ! lui dit-il. Je reviendrai te voir dès que j'aurai trouvé ce qu'il te faut. "
Trois jours plus tard, il sonna chez la Petite Souris et lui remit deux paquets. Dans le premier, elle découvrit une machine qui ressemblait à une caisse enregistreuse. " C'est simple, expliqua Restachou, lorsqu'un enfant perd une dent, la machine sifflote, clignote et crachote, puis elle t'indique sur une note le nom et l'adresse de l'enfant. "
L'autre paquet contenait une moto volante qui permettait à la Petite Souris de se déplacer aux quatre coins du monde. " Je ne sais vraiment pas comment te remercier ", lui dit la Petite Souris tout heureuse. Elle se hissa sur la pointe des pattes et lui donna un gros baiser.
Le lendemain, la Petite Souris reçut les premiers messages l'informant que des enfants du monde entier venaient de perdre une dent. Bien contente d'avoir gardé ses pièces d'or, elle courut à la banque pour en changer quelques-unes contre les pièces de monnaie utilisées dans ces différentes villes. Puis elle mit son casque et enfourcha la moto volante.
Ce fut une nuit bien fatiguante, mais au petit matin elle se précipita chez Ratifer avec les trois premières dents. Le Roi des Rats, quoique très agacé, dut tenir sa promesse et relâcher trois souriceaux.
Quel bonheur quand la Petite Souris retrouva ses deux aînés, Sequin et Sesterce, ainsi que le petit Sou ! Mais quelle tristesse aussi quand elle réalisa qu'il lui en manquait encore 1247 !
Alors, inlassablement, elle parcourut le monde à la recherche des dents d'enfants, ayant toujours à l'esprit l'impitoyable formule de Ratifer 1er : Une quenotte : une souriçotte ; Une dent de lait : un souricet !".
Il lui arrivait de rester plusieurs jours sans que la machine sifflote, clignote ou crachote. Certains fois, elle ne rapportait qu'une seule dent, d'autres fois deux… Une nuit, dans le dortoir d'une classe de neige, elle en trouva sept
Et le lendemain elle rentra à la maison avec sept souricets : le timide Soliste et le gros Septuor, Saxo et les quatre soeurs Soprano.
Ce qu'elle redoutait le plus, c'était les dents sales ! Le Roi des Rats avait bien dit : " Je veux des dents blanches comme l'albâtre, scintillantes comme les étoiles. "
Quand ce n'était pas le cas, on l'entendait hurler : " Non conforme. Echange refusé ! ". Certaines nuit, excédée par l'intransigeance du Roi et par la négligence des enfants, la Petite Souris se mettait en colère. On l'entendait alors murmurer d'une voix irritée : " Pour les dents sales : que dalle ! Pour les cariées : trois crottes sur l'oreiller ! ".
Malgré ces multiples contrariétés, elle réussit à rassembler tous ses petits. Elle crut défaillir de joie quand elle alla chercher les deux derniers : la discrète Sourdine et le léger Soupir. Pour fêter ces retrouvailles, elle organisa un grand goûter.
On raconte que le Roi des Rats fut si triste après le départ de ses captifs qu'il résolut de devenir bon et généreux. Il fit de son château un parc d'attractions pour les souriceaux et les souricettes. Il demanda à Pleurnichotte la Marmotte d'ouvrir un restaurant de crêpes au fromage.
Poilentreau le Blaireau fut chargé de l'entretien du gazon, et Constructor le Castor s'ingénia à réaliser les inventions de Restachou le Hibou.
Pour ne pas décevoir les enfants, la Petite Souris décida de poursuivre avec ses petits les tournées de ramassage dentaire, et le bon Roi Ratifer proclama que les dents seraient utilisées pour paver les routes qui conduisaient au palais
Bon voila je suis musophobe….la peur des souris en français dans le texte….