Ah tiens, puisque le topic est de nouveau là… en me baladant sur des blogs / sites, je suis tombée sur les commentaires d'un homme d'une vingtaine d'années je pense. Quand je l'ai lu, eh bien, que dire mis à part que c'est ma pensée… clairement. Bien écrite, tout ce que je pense retranscrit sur la toile.
Alors je vais le poster ici, je préviens que c'est assez long, donc si vous n'avez pas le temps ou l'envie de lire quelque chose de censé qui se rapporte à la politique ( datant du 30 avril, donc avant le second tour ), eh bien, passez mon message
Mais ça en vaut vraiment la peine…
Et ceux qui voudraient avoir la réaction ( presque aussi longue ) d'une personne de droite soutenant Sarkozy, il serait alors préférable que je donne le lien directement. Donc pour les intéressés, c'est par MP ^^
[quote=eogann
Le Lundi 30 Avril 2007 à 19:17Ce commentaire t’est destiné mais il concerne également toute personne susceptible de répondre à mes questionnements les plus profonds. En effet, je cherche à savoir pourquoi intuitivement je me dirige vers tel type d’idéologie alors qu’une majorité importante de mes compatriotes naviguent vers d’autres rivages et semblent abhorrer certains de mes choix. Ainsi, je placerai ce commentaire à quintessence politique, comme tu peux t’en douter, sous l’égide du débat philosophique et idéologique plus que sur une simple vue d’esprit ancrée sur de quelconques personnalités qui de toute façon me sont intimement étrangères. Car au delà de l’homme ou de la femme, il y a des courants intrinsèques vieux de plusieurs décennies et c’est cela qui fait l’objet de mon questionnement. Pourquoi votez vous à droite ? Autrement dit, sans la métaphore directionnelle qui n’est pas parlante pour la majorité des gens, pourquoi êtes vous séduits par le courant libéral républicain? Afin d’étayer mon raisonnement (et oui je fais une disserte) je m’appuierai sur les thèmes principaux de cette campagne qui sont les thèmes récurrents de clivage et de mésentente.
Tout d’abord, j’espère que comme moi, vous êtes conscients du fabuleux cadeau qu’est celui de la vie car c’est ici qu’a débuté le cheminement de mon interrogation. Je me suis dit que comme la majorité des gens, j’aime avoir du temps pour m’épanouir. J’aime avoir du temps pour assouvir ma curiosité à travers les livres, à travers la musique, à travers le cinéma. J’aime avoir du temps pour voir mes amis, pour apprendre à les connaître et à les chérir à leur juste valeur. J’aimerai avoir du temps pour explorer d’autres cultures que la mienne, j’aimerai avoir du temps pour m’engager dans des combats qui me tiennent à cœur, j’aimerai avoir du temps pour rencontrer la future femme de ma vie et lui apporter tout le bonheur qu’elle me donnera.
Et là, vous me direz quel rapport avec la politique ….On s’est tous un jour posé cette question « pourquoi vais-je à l’école ? Pour trouver un boulot et continuer à travailler toute ma vie ? Et un jour être trop vieux pour pouvoir en profiter … » mais là vous allez tous me dire qu’on le fait pour gagner sa vie et pour ne manquer de rien ce qui est tout à fait vrai. Donc nous sommes bien d’accord que le travail est une composante essentielle de notre société sur laquelle la droite s’appuie avec insistance. Mais là je vous dirais, a-t-on besoin de travailler autant ? A-t-on besoin de commencer à 7h du mat’ et de finir à 19h ? Auquel cas, à quoi peut bien nous servir cet argent si consciencieusement accumulé ? A acheter une belle maison, une belle voiture, à couvrir ses enfants de cadeaux, à s’offrir des vacances très furtives mais très chères … et après, pas de temps pour lire, pas de temps pour aller au ciné assez souvent, pas le temps de voir ses enfants grandir, pas le temps de chérir sa femme comme on le devrait, pas le temps de voir ses amis, pas le temps de partir à l’aventure, bref pas le temps d’ouvrir nos esprits à autre chose que notre petite vie bien réglée et bien trop prise par le bureau et l’obsession de ramener toujours plus d’argent à la maison histoire d’en emmener le plus possible dans la tombe ou histoire d’exposer aux yeux du monde pléthore d’acquisitions matérielles, vitrine du bonheur superficiel de nos vies car nous ne voulons être que des fourmis ouvrières dûment dressées et maîtrisant avec ferveur un à un les paramètres de nos existences. Alors que la gauche propose de travailler moins et de nous laisser plus de temps à nous, nous crions haut et fort que nous allons nous manger le mur avec un tel remaniement. En effet, les 35 heures, source de tous les maux des français.
Après tout, il est vrai que c’est horrible de travailler si peu et si ça ne tenait qu’à moi, je proposerai que l’on travaille encore moins mais la France ne souhaite décemment pas qu’on la traite de nation de fainéants là où des personnes censées nous qualifieraient de raisonnables. Certaines personnes ne sont pas prêtes à renoncer à leur salaire doré ? Et bien, que chacun puisse travailler le temps qu’il souhaite sans qu’un salarié ne voulant travailler que 35 heures (voire moins) ne soit renvoyé au profit d’un employé plus productif. Le travail ne doit pas devenir le moteur de notre vie, nous avons vocation à devenir bien plus que des systèmes automatisés et dressés comme ces ouvrières de Corée du Nord qui font plus de 16 h de boulot par jour… Pour moi trop de travail relève plutôt d’une récession que d’une avancée … Même les grecs et les romains l’avaient compris avant nous… Mais après tout ne vivons nous pas que pour assouvir le prestige économique de notre pays ?
Ensuite passons au brûlant problème de l’insécurité. L’homme se nourrit de la peur et les plus avisés l’utilisent avec brio afin d’amener leur auditoire dans les retranchements du fatalisme, de la répression et de la toute puissante autorité. Or je me persuade que la plupart d’entre vous ont déjà tenu ce raisonnement d’une logique implacable « le chien ne naît pas violent et dangereux, son comportement est induit par son environnement et par son éducation ». C’est la base de la psychologie car le comportement n’est pas inscrit génétiquement, il relève plus de l’acquis que de l’inné. La droite a toujours prôné la répression de manière plus ou moins virulente et la tolérance dite zéro alors que nos prisons sont pleines et d’une qualité affligeante, et la création d’un état police ne peut être à l’origine que de tensions supplémentaires peut être même avec des personnes qui n’auraient pas en temps normal chercher les ennuis.
Car comme tout le monde commence à le comprendre, notre société est vérolée de l’intérieur, l’éducation des enfants est en perpétuelle déclin, certains parents démissionnent et se posent même en porte à faux vis à vis des enseignants et des institutions alors que leur enfant a besoin d’un discours cohérent et de décisions communes dans son éducation. La répression est certainement plus attractive car plus rapide à mettre en œuvre et avec des résultats bien plus prompts et traiter le fond du problème semble se transformer en rocher de Sisyphe en comparaison et peut paraître moins convaincant. Comme vous tous, je tiens à ma liberté et à mon statut d’homme intègre et droit et je ne tiens absolument à vivre sous un régime qui me pense coupable et hors la loi jusqu’à preuve du contraire. Je ne veux pas qu’à tous les coins de rues on m’arrête en voiture car on pense que tout le monde représente un danger potentiel, je ne veux pas qu’à la sortie d’un quelconque bâtiment on me fouille de la tête aux pieds car je suis jeune et potentiel détenteur de drogues (je parle en connaissance de cause). En gros je ne veux pas d’un état qui n’a plus aucune confiance en ses concitoyens et qui pose des caméras de sécurité à tous les coins de rue car tout le monde représente un danger potentiel. Certes il y a des « voyous » certes il y a des « délinquants » mais ces jeunes ont plus besoin d’aide que de passer leur vie derrière des barreaux. Les humanistes du siècle des lumières disaient qu’un homme instruit, reconnu comme digne de confiance et libre ne pouvait foncièrement devenir mauvais mais nous avons encore beaucoup de travail pour changer notre manière de penser.
En troisième lieu, je voulais aborder le sujet de l’immigration. La droite propose avec force l’immigration choisie, ce qui permet de limiter cette dernière et de surtout sélectionner les flux migratoires. Mais que faisons nous, ni plus ni moins ?
Nous dressons un grand et glorieux filtre à nos frontières, nous fermons les yeux devant les problèmes du Tiers monde nous nous mettons de belles œillères puisque chez nous tout va mieux et que l’immigration ne nous rappelle plus chaque jour que les gens viennent ici car vivre dans leur pays est une abomination. Mais le pire dans tout cela, mais que nous pillons savamment et sciemment les richesses et les forces vives de ces pays qui ne demandent qu’à avoir la faculté d’être autonome. C’est pourquoi le projet de co-développement de gauche semble bien plus humaniste et efficace à long terme mais une fois de plus, il faut aller vite, que la situation change et ceci peu importe les moyens employés. Si vous avez le temps un jour et que vous n’êtes pas trop enfouis et embourgeoisés dans une vie d’occidentale moyen, allez parcourir le monde afin de mieux vous rendre compte de la chance que vous avez de vivre ici et à quel point vous auriez aimé qu’on vous accepte en France ou qu’on fasse quelque chose pour votre pays si vous aviez vécu là bas. Vous en reviendrez certainement grandis.
L’éducation est le quatrième sujet que je souhaitais aborder, je ne comprends pas comment elle ne peut être au centre des préoccupations de notre société. L’éducation crée les forces vives de demain et construit les hommes et les femmes des générations futures que l’on espère conscientes et averties. Or on accorde de moins en moins de budget aux universités en offrant plus de moyen à un élève de collège qu’à un étudiant et d’un autre côté les étudiants des écoles préparatoires bénéficient d’un budget et d’une formation d’élite reconnue de par le monde. Je parle de nouveau en connaissance de cause car j’ai moi même fait une prépa et que je finis mon cursus en université. Les étudiants de prépa ne s’en font donc pas, ils auront des métiers à la clé et des situations plus qu’honorables mais qu’en est-il de la formation universitaire ?
Serons nous tous obligés de succomber à la migration des « cerveaux » vers les Etats unis et les autres pays d’Europe avant que l’Etat ne fasse quelque chose ? La droite ne semble pas prévoir ce thème au panthéon de ses projets impératifs et existentiels tandis qu’il est depuis longtemps au cœur de la mouvance de gauche.
De même, que va-t-il advenir des petits salaires (SMIC, rmi) et des petites retraites, car ce ne semble pas être la priorité du courant libéral. Ce sont les gens qui sont actuellement dans la plus grande nécessité de réforme et de changement. Est-ce une vie que de n’avoir que de quoi se nourrir et se loger ? Même les animaux éprouvent plus de liberté et de confort que nombre de nos concitoyens qui triment chaque jour pour ramener un maigre pécule à la maison. Que ceux qui n’ont jamais vécu dans le besoin et le dénuement s’abstiennent de qualifier ce débat de secondaire et de démagogique. Car dans le cinquième pays le plus prospère du monde on ne devrait pas trouver des gens vivant en dessous du seuil de pauvreté et que les gens qui touchent des fortunes phénoménales (gagnées à la sueur de leur front ou non) payent un impôt sur la fortune qui est conséquent, il est vrai, mais qui ne les empêche pas de continuer à vivre dans le luxe et l’opulence, deux zéros en moins sur le compte et alors ? Le partage est une des qualités les plus nobles mais il est tellement plus facile de s’exiler dans les paradis fiscaux afin de ne pas perdre une miette du magot amassé alors qu’on ne sait quoi en faire si ce n’est péter dans la soie et montrer notre fric à la face du monde afin que tous enragent (ce qui n’est pas mon cas).
Mettons tout sur la table, décortiquons les frais des hauts fonctionnaires qui profitent du système, ayons un système de contrôle pour tous ceux qui trichent et profitent des aides, empêchons les licenciements abusifs dans les entreprises qui font du profit mais arrêtons de dire que les français sont des fainéants et qu’ils profitent du système et des aides.
Enfin je finirai par le sujet qui me tient le plus à cœur, l’écologie. Mais pas de l’écologie de salon, de l’écologie d’idée et d’idéologie mais de l’écologie d’action, de l’écologie qui bouleverserait à tout jamais nos façons de vivre. Et là ni la gauche ni la droite ne semblent me convaincre. Cependant, une politique libérale prônant le profit roi, la consommation perpétuelle à outrance et le progrès économique continu ne semble pas tout à fait être en phase avec notre société. Nous ne pouvons décemment produire plus, consommer toujours plus serait suicidaire alors quand on me parle de relancer la consommation … L’homme veut toujours aller de l’avant et ne pas régresser ce qui est louable mais l’intelligence et la progression ne seraient elles pas dans la prise de conscience, dans l’adéquation avec notre planète et dans le développement en total respect avec notre écosystème. C’est une question que je me pose et ouvrir les yeux n’a jamais été aussi vital qu’aujourd’hui.
Je comprends que vous soyez séduits par M.Sarkozy qui est une personne compétente, qui est sûr de lui, qui est un homme d’action, qui est un orateur de qualité,qui se mouille et ne fait pas de faux semblants, qui porte des valeurs et un projet solide.
Je comprends aussi que vous soyez réticents devant un projet socialiste et surtout par la personnalité de Mme Royal qui vous semble moins incisive et sûre d’elle qui porte à bout de bras un projet qui vous semble fragile et irréalisable car il nécessiterait un changement profond des mentalités d’une France qui depuis des siècles vote principalement à droite et qui ne connaît que peu les changements que peut apporter une politique sociale et démocrate. Je ne suis pas socialiste car je me sens bien plus à gauche et encore bien plus humaniste et social qu’ils peuvent l’être. Je ne suis pas non plus radical gauchiste car les dérives peuvent aller dans les deux sens et que la sagesse se trouve dans la parcimonie et la mesure. Mais je suis définitivement ancré à gauche car je vis en l’an 2007, que je vois toutes les inégalités dans mon pays et de part le monde, que j’exècre l’hégémonie de l’argent et du travail, que je rêve de liberté, de temps et d’épanouissement et que je m’inquiète du devenir des générations futures sur cette Terre que nous pillons chaque jour. Ainsi, je n’ai jamais compris les gens qui votent à droite, je n’ai jamais compris les fervents défenseurs du libéralisme et du capitaliste, ceux qui pensent que seuls les meilleurs peuvent réussir et qui ne souhaitent pas en priorité une vie décente pour chacun des êtres sur cette planète. ALORS, que quelqu’un tente de m’expliquer pour quelles raisons vous choisissez ce camp, par égoïsme ? Par instinct ? Par conditionnement familial et social ? Par peur de perdre vos privilèges et vos situations aisées ? Par influence des médias ? Par vote plus pour une personne et pour son charisme que pour une idéologie ? Je suis sceptique et dans l’incompréhension la plus totale quant à vous … mais je sais où je m’engage et je sais qu’à tout jamais ma façon de voir le monde et de l’envisager ne sera troublée … Mon rêve, mon idéologie, ma liberté, mon égalité, ma fraternité ….